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Marie, Mère de Dieu, Mère du monde.

08/12/2021

Marie (mère de Jésus)

Cet article traite de Marie (mère de Jésus) dans les textes religieux. Pour Marie dans les dogmes chrétiens, voir Mariologie et Théotokos

Marie (en araméen ܡܪܝܡ, Maryam ; en hébreu מרים3, Myriam ; en grec Μαρία, María ou Μαριάμ, Mariám ; en arabe مريم, Maryam), également connue sous les noms de Marie de Nazareth, Sainte Vierge, Sainte Marie, Vierge Marie, « Immaculée Conception », Notre-Dame, Mère de Jésus ou Mère de Dieu, est une femme juive de Judée, et la mère de Jésus de Nazareth. Marie est une figure essentielle au sein du christianisme (notamment pour les orthodoxes et les catholiques) ainsi que dans l'islam.

Comme pour son fils Jésus, l'historicité de Marie est difficilement accessible. Une grande partie des traditions se trouve dans la littérature apocryphe, qui développe souvent des thèmes présents dans les textes canoniques du Nouveau Testament4.

Dans les Églises catholique et orthodoxe, Marie est l'objet d'un culte particulier, supérieur au simple culte rendu aux saints et aux anges, appelé le culte d'hyperdulie. C'est un point de divergence important avec le protestantisme.

Sommaire

  • 1 La vie de Marie dans les sources anciennes
    • 1.1 Sources relatives à Marie
    • 1.2 Nouveau Testament
      • 1.2.1 Épîtres pauliniennes et catholiques
      • 1.2.2 Marc
      • 1.2.3 Matthieu et Luc-Actes
      • 1.2.4 Jean
      • 1.2.5 Destinée finale de Marie
    • 1.3 Pères apostoliques et premiers Pères de l'Église
    • 1.4 Textes apocryphes
  • 2 Marie dans les Églises chrétiennes
    • 2.1 Catholicisme et orthodoxie
      • 2.1.1 Le culte marial
      • 2.1.2 Les dogmes mariaux
      • 2.1.3 Le débat sur « Marie corédemptrice »
      • 2.1.4 La Dormition et l'Assomption
    • 2.2 Protestantisme
      • 2.2.1 Luther et Calvin
      • 2.2.2 Méthodisme
    • 2.3 Conception virginale et virginité perpétuelle
  • 3 Marie en dehors du christianisme
    • 3.1 Hypothèse de la naissance illégitime de Jésus
    • 3.2 Marie dans l'islam
  • 4 Le culte marial
    • 4.1 Les Églises catholique et orthodoxe

La vie de Marie dans les sources anciennes

Sources relatives à Marie


Madonna del Parto, fresque de Piero della Francesca, vers 1459. La Vierge enceinte est un thème peu fréquent dans l'iconographie chrétienne.

Marie est citée plusieurs fois dans le Nouveau Testament. Dans les Évangiles synoptiques et les Actes des Apôtres, elle s'appelle « Marie », tandis que l'Évangile selon Jean met en scène la « mère de Jésus » mais sans lui donner de nom5. La femme céleste entourée d'étoiles décrite dans l'Apocalypse (ch. 12) n'est pas Marie, selon l'exégèse moderne, mais les traditions ultérieures liées à ce texte ont fini par les amalgamer, comme en témoigne l'iconographie chrétienne5.

À partir du iie siècle, le personnage de Marie est développé par les auteurs de nombreux textes apocryphes, notamment le Protévangile de Jacques5. Au fil des siècles, la figure de Marie est devenue de plus en plus complexe, de plus en plus importante, aussi bien dans les dogmes chrétiens que dans la piété populaire, tout comme dans l'art et la littérature5.

Nouveau Testament

Épîtres pauliniennes et catholiques

Les Épîtres de Paul, écrites vers l'an 50, sont les textes les plus anciens du Nouveau Testament. Elles n'indiquent nulle part le nom de la mère de Jésus5. Une seule occurrence, dans l'Épître aux Galates 4:4, mentionne simplement que Jésus est « né d'une femme », sans autre précision, et cette naissance ne présente apparemment rien de particulier5. Dans le même verset, Paul affirme cependant que Jésus est le Fils de Dieu et le Messie d'Israël, « assujetti à la Loi » afin d'en libérer les Juifs6.

Dans le reste du corpus paulinien et les autres lettres du Nouveau Testament (les Épîtres dites « catholiques »), Marie n'est pas évoquée5.

Marc

La plus ancienne fresque représentant Marie, catacombe de Priscille, iie siècle7.

Dans l'Évangile selon Marc, rédigé vers l'an 70, Marie est nommée par référence à son fils : « Celui-là, n'est-il pas le charpentier, fils de Marie ? » (Mc 6,3).

Matthieu et Luc-Actes


Article détaillé : Luc-Actes.Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc, ainsi que les Actes des Apôtres, tous écrits une quinzaine d'années après celui de Marc, soit vers 80-85, sont plus explicites au sujet de Marie.L'Annonciation est l'annonce faite par l'archange Gabriel à Marie, puis à Joseph, à qui elle est fiancée, de la conception virginale de Jésus. Le récit de Luc donne plus de place à Marie : il parle de l'ange qui lui apparaît, alors que Matthieu relate un rêve de Joseph, qui a la vision d'un ange 8,9.Comme elle n'a pas eu de relations sexuelles avec Joseph, ce dernier pense qu'elle a commis un adultère, aussi songe-t-il à divorcer pour ne pas lui porter préjudice, car selon la loi juive elle risque la lapidation10. Mais un ange lui explique qu'elle est enceinte en vertu du Saint Esprit et l'en dissuadeB 1.

La Vierge noire de Březnice (1396), Galerie nationale de Prague.

Dans la suite du récit, Marie, enceinte, rend visite à sa parente Élisabeth et exprime sa joie dans le Magnificat (Lc 1,39-55). Puis elle donne naissance à Jésus à Bethléem11. C'est ensuite la fuite en Égypte de la Sainte Famille.La généalogie de Jésus en Matthieu 1:1-17B 2 mentionne que Joseph est issu de la maison royale de David, mais celle de Luc 3, 23-38B 3 fait l'objet d'une interprétation controversée, inscrivant aussi bien Joseph que Marie dans la lignée des rois d'Israël12.Les textes évangéliques évoquent ensuite la présentation au Temple qui accomplit le rite de rachat du premier-né. Syméon prophétise qu'elle connaîtra la douleur (Lc 2,21-35). Plus tard se produit l'épisode de la disparition de Jésus à l'âge de douze ans (Lc 2,41-51), lors de la montée annuelle au Temple de Jérusalem : alors que ses parents repartaient pour Nazareth, l'enfant était resté dans le Temple pour discuter avec les « docteurs de la Loi », c'est-à-dire les érudits de la Torah.Elle se trouve parmi les disciples lors de la Pentecôte (Ac 1,14).JeanDans l'Évangile selon Jean (Jn 2:1-11) lors des noces de Cana, une femme citée comme "la mère de Jésus" puis comme "sa mère" fait remarquer à Jésus que les convives n'ont plus de vin et Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » Dans le même évangile, Jésus, avant de mourir, confie sa mère au « disciple qu'il aimait. »B 4[source secondaire nécessaire]Destinée finale de MarieLe Nouveau Testament ne dit rien des dernières années ni de la mort de Marie.Pères apostoliques et premiers Pères de l'ÉgliseSöll a récapitulé les points de vue suivants des Pères apostoliques et des premiers Pères de l'Église concernant Marie : Ignace d'Antioche (mort martyr au début du second siècle) a parlé dans sa Lettre aux Éphésiens (7, 2) du grand mystère de Marie qu'est la virginité de Marie qu'il place à côté de ceux de la conception et de la mort du Seigneur. Justin de Naplouse a défendu surtout la virginité de Marie avant l'enfantement, et introduisit pour la première fois un parallélisme entre Ève et Marie (Dialogue, 100, 5) permettant de préciser la contribution de Marie au caractère salvifique de l'incarnation. Irénée de Lyon (mort à la fin du second siècle) approfondit la comparaison entre Ève et Marie, définissant Marie comme avocate d'Ève (Contre les hérésies II, 22, 4). Tertullien (mort après 220) a défendu la virginité de Marie lors de la conception de Jésus (De monog, 82, De carne Christi, 24) tandis que Clément d'Alexandrie (mort avant 215) et Origène (mort en 254) soutinrent la virginité perpétuelle de Marie (avant la conception de Jésus, après son enfantement et jusqu'à la fin de la vie de Marie). Enfin, Hippolyte de Rome (mort en 235) parla de la liberté de Marie face au péché13.

Textes apocryphes

Article connexe : Éducation de la Vierge.L'éducation de La Vierge Marie, par Charles Antoine Coypel (1735-1737)Marie est l'objet de nombreux développements dans les textes apocryphes à partir du iie siècle. C'est de là que viennent la plupart des traditions qui la concernent.Les apocryphes mentionnent notamment le nom de ses parents, Anne et Joachim, sa nativité, son adolescence, sa vie à Éphèse, sa Dormition et son Assomption. Bien que ces textes n'appartiennent pas au canon biblique, certaines fêtes liturgiques des calendriers catholique et orthodoxe se rapportent directement à ces traditions. Les églises sont pleines d'œuvres représentant des épisodes de la vie de Marie tirés des apocryphes, notamment du Protévangile de Jacques, de La Nativité de Marie et de La Dormition de Marie.Si la plupart des apocryphes sont plus tardifs que le Nouveau Testament, certains d'entre eux, qui concernent Marie, semblent antérieurs aux récits de la naissance de Jésus dans les Évangiles selon Matthieu et selon Luc14. Enrico Norelli observe que l'étude de ces récits renseigne sur la place de Marie dans le christianisme ancien et permet de comprendre pourquoi les traditions sur Marie n'ont pas été intégrées dans les écrits canoniques, alors même que Marie continuait d'occuper une place importante dans les prédications et la tradition chrétiennes.

Marie dans les Églises chrétiennes

Catholicisme et orthodoxieArticles détaillés : Mariologie, Dogme marial et Culte marial.Le culte marialMarie et les apôtres pendant la Pentecôte, miniature des Évangiles de Rabula, vie siècle.Les Églises catholique et orthodoxe accordent une place essentielle à Marie, qu'elles appellent « Marie de Nazareth »15,16, « Sainte Vierge », « Vierge Marie », « Notre-Dame » (plus souvent chez les catholiques) ou « Mère de Dieu ».Ces Églises vouent un culte particulier à Marie, le culte d'hyperdulie, supérieur au culte rendu aux saints et aux anges. Cette vénération est différente de l'adoration, due à Dieu seul17. Au quatrième siècle, Épiphane de Salamine écrivit contre un mouvement hérétique le « collyridisme » qu'ils ne vénéraient pas mais adoraient plutôt la Vierge Marie comme une déesse: "Bien que Marie soit pleine de grâce, sainte et digne de vénération, elle ne mérite pas pour autant l'adoration."18,19Cette pratique, qui n'existe pas dans la Bible, provient de traditions culturelles et de livres apocryphes. On trouve notamment dans le Protévangile de Jacques, un texte du iie siècle, le nom de ses parents, Anne et Joachim, et dans divers écrits le récit de sa nativité, de son adolescence, ceux de sa vie à Éphèse, de sa Dormition et de son Assomption.

Les dogmes mariaux

La Théotokos, mosaïque de l'abside (ixe siècle), ancienne basilique Sainte-Sophie de Constantinople.Les deux premiers dogmes mariaux sont communs aux différentes confessions chrétiennes : Marie est déclarée Théotokos (« Mère de Dieu ») par le concile d'Éphèse (431) et sa virginité perpétuelle est officialisée par le deuxième concile de Constantinople (553)5.Toutefois, à l'époque moderne, l'Église catholique ajoute deux autres dogmes : l'Immaculée Conception (1854), qui soutient que la Vierge Marie était libre du péché originel dès le moment de sa conception grâce aux mérites de son fils Jésus-Christ, et l'Assomption (1950) qui affirme que la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste.5 Ces deux derniers dogmes sont rejetés par la Réforme protestante mais aussi par le christianisme oriental, malgré sa grande vénération envers Marie5. Pour l'Église orthodoxe, en effet, Marie a été enfantée dans le péché originel comme tout être humain, et, si elle est « immaculée », c'est par son adhésion à la volonté de Dieu, par sa pureté intérieure et par le fait qu'elle n'a jamais péché.Lors du concile Vatican II, l'Église catholique a inclus la mariologie dans le cadre de l'ecclésiologie générale20 afin d'éviter les dérives de la piété populaire5.

Le débat sur « Marie corédemptrice 

»Dans la première moitié du xxe siècle, un courant s'est formé au sein du catholicisme traditionaliste21 pour demander un cinquième dogme, qui aurait déclaré Marie « corédemptrice » au côté de Jésus-Christ, l'unique rédempteur pour les chrétiens22.Ce titre controversé s'inscrit dans une tradition populaire qui qualifie Marie de redemptrix à partir du xe siècle : il s'agit là d'un transfert de titres initialement attribués à l'Église et au Saint-Esprit23. Au xve siècle, des théologiens franciscains parlent de « Marie corédemprice » et se heurtent à l'opposition des Dominicains23,24. Par la suite, le terme se fait rare dans les textes du magistère romain23.Le concept ne réapparaît qu'à la fin du xixe siècle, avec une mention par Léon XIII dans une encyclique de 1894 sur le rosaire25, mais surtout avec plusieurs déclarations de Pie X, selon lequel Marie participe au pouvoir rédempteur du Christ26. L'expression « Marie corédemptrice » est utilisée par deux de ses successeurs. Pie XI s'exprime ainsi en 1935 : « Ô Mère aimante et miséricordieuse [...], vous vous êtes tenue debout près de Lui, souffrant avec Lui comme Corédemptrice27,28... » De même, Pie XII emploie une fois ce mot29.Le concile Vatican II aborde les questions mariologiques dans la constitution Lumen Gentium30. Or Marie demeure parfois à cette époque l'objet de dévotions héritées des croyances du Moyen Âge23,30. Bernard Sesboüé précise que les pères conciliaires ont donc « exprimé un refus net de continuer dans cette voie, qui ne correspond ni à la nature ni à la visée des définitions dogmatiques »30. Le concile met fin au débat en rappelant que Jésus-Christ est l'unique rédempteur et que Marie ne saurait être « corédemptrice »31.Toutefois, plusieurs années après le concile, le débat se poursuit sous forme de requêtes individuelles et de pétitions en ligne adressées au Vatican21,23. Celui-ci, en 1996, réunit à cet effet une commission de quinze théologiens30. Cette commission décide à l'unanimité de confirmer la position de Vatican II32,30. L'Académie pontificale mariale internationale reprend ensuite à son compte les termes de la commission33,30. Le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, développe ce point en 2001 : « Le concept de corédemptrice s'écarte aussi bien de l'Écriture que des écrits patristiques. [...] Tout vient [du Christ], comme le soulignent les Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie aussi est tout ce qu'elle est par lui. Le terme de corédemptrice obscurcirait cette donnée originelle34. » Pour sa part, le pape François rappelle fermement que Marie ne saurait être considérée comme « corédemptrice » et ne s'est jamais présentée comme telle35,21.

La Dormition et l'Assomption

En 374, Épiphane de Salamine écrivit que l'on ne savait si Marie était morte ni si elle avait été ensevelie. Plus tard, Théotecnè de Livias (mort vers 600) et Modeste de Jérusalem (mort vers 630) ont cherché à étudier le mystère de l'élévation de Marie au ciel en le mettant en rapport avec les dogmes mariaux déjà reconnus. Ils inaugurèrent la formule sumpta quia immaculata (montée au ciel parce que immaculée).Dormition de la Vierge, mosaïque orthodoxe de l'église Saint-Sauveur-in-Chora, Istanbul.Par ailleurs, Germain de Constantinople (mort en 733), André de Crète (mort en 740) et Jean Damascène (mort en 749) ont approfondi la foi en l'élévation corporelle au ciel de Marie36.Pour les orthodoxes comme pour les catholiques, Marie est restée toute sa vie sans jamais pécher, de sa naissance à son « endormissement » dans la mort. Les orthodoxes parlent de Dormition et non de mort, tandis que les catholiques évoquent son Assomption.L'Assomption est un dogme catholique selon lequel, au terme de sa vie terrestre, Marie a été « enlevée corps et âme » au ciel. Le 1er novembre 1950, ce point de foi, en réalité fort ancien dans la mémoire de l'Église, est finalement défini sous forme de dogme par la constitution apostolique Munificentissimus Deus du pape Pie XII, sous le sceau de l'infaillibilité pontificale. Les catholiques fêtent l'Assomption le 15 août.Les orthodoxes emploient le terme de Dormition depuis le ve siècle. Ce dogme signifie que la Vierge, morte sans souffrir, est vivante dans un état de paix spirituelle. Ils critiquent le nom d'Assomption, qui entretient l'ambiguïté en laissant croire que la Vierge a été enlevée au Ciel de son vivant. La fête de la Dormition, le 15 août, se présente comme une célébration de la vie éternelle : « Tu es passée à la Vie, toi qui es la mère de la Vie37. 

Protestantisme

Luther et Calvin

Luther insiste sur l'humilité de Marie et son accueil de la grâce38. Calvin affirme qu'elle a besoin du pardon, et refuse, à la différence de Luther, de célébrer les fêtes mariales. Il n'accepte pas l'appellation « Mère de Dieu ».

C'est à partir du dogme de l'Immaculée Conception en 1854 puis de celui de l'Assomption en 1950 que se creuse à nouveau l'écart avec le catholicisme. Ces dogmes établis tardivement ne peuvent en effet constituer une réalité historique ou spirituelle selon les membres des Églises protestantes, qui dénoncent les excès du culte marial (Mariolâtrie).

Ils récusent aussi le titre de « Reine du Ciel ».

Méthodisme

Les méthodistes n'ont pas d'écrits officiels ou d'enseignements sur Marie, sauf ce qui est mentionné dans l'Écriture et les enseignements œcuméniques. Ils considèrent essentiellement que le Christ a été conçu dans son sein par l'Esprit-Saint et qu'elle a donné naissance au Christ en étant vierge. John Wesley, le principal fondateur du mouvement méthodiste au sein de l'Église d'Angleterre, estime que Marie « est restée une vierge pure et sans tache »39. L'Église méthodiste considère que Marie était vierge avant, pendant et immédiatement après la naissance du Christ40.

De ceci, les Églises méthodistes unies rejettent les notions de Marie corédemptrice ou médiatrice. Ils rejettent également la vénération des saints, de Marie et des reliques : ils estiment que le respect et la louange sont réservés à Dieu seul. Cependant, ils approuvent l'étude de la vie de Marie et des biographies de saints, car celles-ci sont considérées comme des exemples pour les bons chrétiens41.

Conception virginale et virginité perpétuelle


Articles détaillés : Conception virginale et Virginité perpétuelle de Marie.L'annonciation, par Francisco de Goya (vers 1785)

Les premières mentions de la conception virginale (le fait que Jésus-Christ ait été conçu et soit né alors que Marie était vierge) se trouvent dans les prologues des évangiles selon Matthieu et selon Luc qui s'inspirent chacun de deux traditions différentes. Ces prologues sont des ajouts tardifs, datés habituellement de la fin du ier siècle, voire du début du IIe. Les évangiles selon Marc et selon Jean sont muets sur cette question[réf. souhaitée].

La conception virginale est acceptée par tous les chrétiens puisqu'elle est rapportée par les prologues ajoutés aux évangiles selon Luc et selon Matthieu[réf. souhaitée].

Se fondant notamment sur l'ouvrage de Raymond Edward Brown, The Birth of Messiah (1999), Enrico Norelli dit que les « énoncés sur la conception de Jésus par une vierge chez Matthieu et Luc » n'ont « qu'une fonction christologique, et non mariologique » : ils servent à étayer l'idée d'une identité divine de Jésus, qui ne serait pas né comme tout autre être humain, bien plus qu'ils ne procèdent d'une idéalisation de la figure de Marie. Ainsi, au moment où ont été rédigés les évangiles, l'intérêt porté à Marie était « orienté par la personne de Jésus »42.

Il n'en va pas de même pour la virginité perpétuelle de Marie, qui est acceptée par les théologies catholique et orthodoxe mais refusée par la majorité des théologies protestantes. Les premiers dirigeants protestants croyaient à la virginité perpétuelle de Marie, notamment Martin Luther,43 Jean Calvin, Ulrich Zwingli44 et John Wesley, l'un des fondateurs du méthodisme45.

Le Protévangile de Jacques, texte apocryphe du iie siècle, indique que Marie, fille d'Anne et de Joachim, aurait été « consacrée au Seigneur » (c'est-à-dire resterait vierge) par un vœu de sa mère, puis aurait été confiée à Joseph avant la conception de Jésus46.Il mentionne la virginité de Marie non seulement avant la naissance de Jésus, mais pendant et après la naissance. Celui-ci mentionne que Joseph était veuf, avec des enfants, au moment où Marie est confiée à ses soins. Il fait également référence au fait que les « frères de Jésus » seraient les fils de Joseph par un mariage antérieur.

Les évangiles mentionnent les « frères de Jésus » (Mt 12,46 ; Mc 3,31 ; Lc 8,19) qui ont eu des interprétations différentes. L'Église catholique, à la suite de Jérôme, conclut que les «frères de Jésus» étaient les cousins de Jésus (enfants de la soeur de la vierge Marie, que Jérôme identifie avec Marie, femme de Cleopas), tandis que l'Église orthodoxe orientale, à la suite d'Eusèbe et d'Épiphane, affirme qu'ils étaient les enfants de Joseph d'un mariage antérieur à celui de Marie47.

Marie en dehors du christianisme

Hypothèse de la naissance illégitime de Jésus

Selon Enrico Norelli, « au plus tard au iie siècle, mais vraisemblablement déjà au premier (d'après certains savants, déjà du vivant de Jésus) circulait l'accusation d'une conception adultérine de Jésus »48. Jane Schaberg (en)49, une théologienne américaine, émet l'hypothèse que les évangélistes « Matthieu et Luc auraient travesti en conception surnaturelle ce qui était la suite d'un viol50 ou d'une union hors mariage51 ». Les détails biographiques concernant l'enfance de Marie, confiée aux prêtres dès l'âge de trois ans et vouée à une virginité perpétuelle, détails produits dans le Protévangile de Jacques et qui insistent sur la pureté de Marie, étaient destinés initialement à « réfuter des accusations d'illégitimité de Jésus avancées par des juifs non chrétiens » des ier et iie siècles52. Daniel Marguerat pense au contraire que les accusations de naissance illégitime sont une réponse polémique à l'affirmation chrétienne de la conception virginale53.

Ces accusations se trouvent notamment dans le Discours véritable du philosophe Celse, écrit à la fin du iie siècle. Celse y affirme que « un juif » lui aurait déclaré Jésus était un enfant adultérin que Marie, pauvre fileuse, aurait eu d'un soldat romain du nom de Pantera54.

Jusqu'au milieu du iie siècle, ces rumeurs s'inscrivent dans un processus de séparation, non pas entre juifs et chrétiens, mais entre les pharisiens-tannaïtes et les chrétiens d'origine juive54. Il ne s'agit pas encore du conflit plus général qui éclate à partir des années 135-140 et voit cette fois s'opposer les deux religions54.

Marie dans l'islam


Article détaillé : Maryam.Miniature persane de Marie et Jésus.

Maryam, Mariam ou Meryem (en arabe : مريم), est le nom de la mère de Îssâ (nom de Jésus dans le Coran). Elle est la fille d'Imran (Joachim), et est aussi appelée « sœur d'Aaron »C 1.

La sourate 19 se nomme « Marie » ( مريم)55,C 2.

Guillaume Dye souligne le fait que Marie, mentionnée 33 fois dans le Coran, l'est plus dans ce livre sacré que dans le Nouveau Testament56. Selon Claude Gilliot, « la place que Marie occupe dans les apocryphes chrétiens, c'est le terreau du Coran »57 ; le Protévangile de Jacques par exemple (apocryphe du iie siècle), fait de Marie un personnage central, et aurait inspiré en particulier le récit de l'Annonciation dans le Coran (sourate 19, versets, 17-21).

La mère de Jésus est considérée comme vierge dans le Coran, tournée vers Dieu dès sa naissance, jamais fiancée ou mariée (mais seulement protégée et guidée par Zakarie, « Zakaria » (en arabe : زكريا). Le Coran reprend une tradition proche de celle retenue par la « Grande église » sur la conception miraculeuse de Jésus (ou Îsâ) par l'action du souffle de Dieu (Rûh)C 3.

Le prophète Mahomet la décrit comme étant l'une des rares femmes ayant atteint le degré de « perfection », à travers sa dévotion intense à Dieu et sa patience lors de l'épreuve de l'enfantement miraculeux, que sa communauté accueillera par la suspicion et l'accusation. Le Coran la présente à l'opposé des femmes maudites de Loth et de Noé, comme l'une des deux femmes bien accueillies au paradis, elle et Assiya (l'épouse du pharaon rencontré par Moïse), dans la sourate « Les femmes »C 4 et dans la sourate dite de « la table servie »C 5. Selon Michael Marx, le respect à l'égard de Marie renforce l'image positive de Jésus dans le Coran57.

Le culte marial

Article détaillé : Culte marial.

Les Églises catholique et orthodoxe


Vierge de Vladimir, icône du xiie siècle, galerie Tretiakov, Moscou.

Il semble que Marie n'a fait l'objet d'aucune dévotion particulière dans les débuts du christianisme. Le culte marial se développe à partir du iiie siècle en Orient et ve siècle en Occident58,59.

Au cours des siècles, de nombreux miracles et « apparitions » ont été attribués à Marie, en particulier dans l'Église catholique, qui n'en a toutefois reconnu que 18 à ce jour. Plusieurs sites d'apparitions mariales sont devenus des lieux de pèlerinages importants (Guadalupe, Médaille miraculeuse, Lourdes, La Salette, Fatima). Certains ont revendiqué des guérisons après avoir prié Marie (comme Thérèse de Lisieux lors de sa maladie en 1883). L'Église catholique indique que « par son intercession répétée [Marie] continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel »60.

Les catholiques et orthodoxes vénèrent Marie et n'hésitent pas à la prier pour qu'elle intercède auprès de son Fils afin d'obtenir un miracle17.

« En Orient comme en Occident, à partir de la seconde moitié du ve siècle, c'est-à-dire à l'époque où s'est probablement posée la question du sort final de Marie, le culte des reliques mariales a commencé à se développer ». Étant donné son assomption, la vénération se porte non pas sur les traditionnelles reliques corporelles, mais sur des reliques de contact (vêtements funèbres, ceinture...)59.

De nombreuses églises et sanctuaires mariaux revendiquent la possession de ce type de reliques en se fondant sur des récits légendaires issus de traditions probablement originaires de Jérusalem61 : vêtement de la vierge conservée dans l'église Sainte-Marie-des-Blachernes62, fuseau de la Vierge au monastère des Hodèges et ceinture dans l'église Théotokos des Chalkopratéia, envoyées par l'impératrice Pulchérie ; chambre à coucher dans la Maison de la Vierge Marie. Avec le commerce médiéval, ces reliques se sont retrouvées dans plusieurs églises d'Occident.

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