Histoire.
Origine chez les Romains et les Grecs.
Nous trouvons parmi les Romains de l'Antiquité une célébration religieuse officielle de neuf jours dont Tite-Live rapporte l'origine[3]. Après que des pierres furent tombées du ciel sur le mont Albain, on procéda à un sacrifice officiel de neuf jours pour apaiser les dieux et éviter le mal, que ce fût à la suite d'un avertissement d'en haut ou sur l'avis des augures. À partir de ce moment-là fut faite la même neuvaine de sacrifices chaque fois que l'on annonçait un prodige du même genre[4].
Outre cette coutume, il existait aussi chez les Grecs et les Romains celle d'observer un deuil de neuf jours, avec une cérémonie spéciale le neuvième jour, après la mort ou l'ensevelissement. Tout cela pourtant relevait plutôt du domaine privé ou familial[5]. Les Romains célébraient aussi leur parentalia novendialia, une neuvaine annuelle (du 13 au 22 février) pour commémorer tous les membres défunts de leurs familles[6]. La célébration se terminait le neuvième jour par un sacrifice et un banquet joyeux. On trouve une référence à cette coutume dans les lois de l'empereur Justinien[7], où il est interdit aux créanciers de déranger les héritiers de leur débiteur pendant neuf jours après sa mort.
Adaptation chez les chrétiens.
Neuvaine de deuil.
Saint Augustin[8] conseille aux chrétiens de ne pas imiter cette coutume païenne dont l'Écriture sainte ne donne aucun exemple. Par la suite, le Pseudo-Alcuin répète le même conseil[9], en invoquant l'autorité de saint Augustin et, de façon encore plus nette, Jean Beleth[10] au XIIe siècle. Même l'évêque Durandus dans son Rationale (Naples, 1478), écrivant sur l'Office des Morts, remarque que « certains ne l'ont pas approuvé, afin de ne pas avoir l'air de singer les coutumes païennes ».
Malgré tout, dans les célébrations mortuaires chrétiennes, on trouve celle du neuvième jour avec celles du troisième et du septième. Les Constitutiones Apostolicae[11] en parlent déjà. La coutume existait surtout en Orient, mais on la trouvait aussi chez les Francs et les Anglo-Saxons. Même si elle se rattachait à une pratique païenne antérieure, elle ne comportait quand même aucune trace de superstition. Un deuil de neuf jours avec messe quotidienne était naturellement un luxe, que seules pouvaient se permettre les classes les plus élevées. Les princes et les riches ordonnaient pour eux-mêmes une telle cérémonie dans leurs testaments ; et de tels ordres se retrouvent même dans les testaments de papes et de cardinaux. Au Moyen Âge déjà, la neuvaine de Messes pour papes et cardinaux était un usage. Par la suite la célébration mortuaire pour les cardinaux ne cessa de se simplifier, jusqu'à ce que finalement elle fût réglée et fixée par la Constitution Praecipuum de Benoît XIV, le 23 novembre 1741. Pour les défunts pontifes on retint le deuil des neuf jours qui ainsi en vint à être appelé tout simplement[12]. L'usage s'est perpétué et se compose principalement d'une neuvaine de Messes pour les défunts. Un rescrit de la Sacrée Congrégation des Rites du 22 avril 1633 nous informe que de telles neuvaines de deuil, officia novendialia ex testamento, étaient connues et autorisées de façon générale dans les églises de religieux[13]. Elles ne sont plus d'usage courant, bien qu'on ne les ait jamais interdites et, de fait, les novendiales precum et Missarum devotiones pro defunctis ont été au contraire approuvés par Grégoire XVI, le 11 juillet 1853 ([sic]) et enrichis d'indulgences pour une confrérie agonizantium en France[14].